Les Troubles de Gallantaria

Le Royaume de Gallantaria était gouverné par le Roi Triliag. Lorsque le souverain mouru, sa femme, la Reine Guelvine, décéda dans d'étranges circonstances. La régence du trône n'étant plus assurée, le Seigneur Lantielm, gouverneur de la Cité de Vigral, corrompît une grande majorité du Conseil Royal et de la Milice de la Cité Capitale Arion pour usurper la place tant convoitée de suzerain. Le Sieur Granochin, un vieux Conseiller Privé de feu le Roi Triliag, tenta une parade à cette tyrannie. Il savait que le regretté souverain avait un fils, Ruhtarl, agé d'une vingtaine d'années et qui s'était jadis querellé avec son père monarque. Il avait alors quitté la capitale pour fuir les disputes avec son géniteur. A ce jour, d'après les lois d'héritage de Gallantaria, le Prince Ruhtarl pourrait légitimer sa place sur le trône du royaume. Mais il ne reste que quelques jours avant que le délais d'héritage ne soit expiré.

Aussi, le vieux Granochin a-t-il convoqué secrètement le Commandant Yarosh, un Humain archer ( Allane ), ainsi que deux arcanistes vivant dans le royaume, Mystil, un Elfe invocateur ( Rocco ) et Ebrien, un Elfe sorcier-enchanteur ( Ozirias ), afin de leur confier une quête à mener en toute discrétion: retrouver le Prince Ruhtarl, le convaincre de reprendre les reines de Gallantaria pour éviter la félonnie du Seigneur Lantielm et le ramener en Arion dans le temps imparti par les lois d'héritage. Ce rendez-vous fût donné dans une taverne de la capitale Arion nommée Le Gobelet Joyeux. Le tavernier, Pathios ( Pathios ), avait reçu ordre de réserver son arrière-salle pour ce palabre discret.
Le conciliabule venait tout juste de commencer lorsque des assassins déboulèrent dans l'établissement et réussirent à occire le vieux Granochin et quelques clients. Dès que les tueurs fûrent éliminés par nos trois intéressés, aidés du tenancier furieux des dégâts occasionnés, la milice intervînt. Mais le conseiller avait eu le temps d'exposer la situation et de donner des pistes de recherche. Sans plus tarder, le trio se mît en route, accompagné de Pathios le tavernier auquel des hauts gradés de la Garde Royale avaient assuré que son établissement serait remis en état aux frais des caisses souveraines.

Quittant donc la capitale Arion, nos quatres braves s'engagèrent sur les routes de l'ouest. Ils comptaient les jours qui passaient et les embûches de voyage, sans avoir l'impression d'avancer efficacement vers leur destination. Ils se perdirent dans des montagnes où ils tombèrent sur une ville de Nains. Parmis ces Nains, un seul parlait l'Héméen, la langue des Humains. Et lorsque une partie de leur mission lui fût confiée, il leur annonça que leur périple pourrait s'accélérer grâce à leur engin de voyage: un navire volant! Invités généreusement à utiliser ce vaisseau, les Nains prennant parti pour un autre Roi que le fourbe Lantielm, ils fîrent le reste du trajet fort rapidement à bord de ce bâteau aérien.

Leur escale à Vigral, cité gouvernée par leur principal ennemi politique, fût heureusement conduite par la Guilde des Voleurs locale, agissant contre le tyran Lantielm. Asvelorn, chef présumé des voleurs, leur indiqua dans quel petit village d'artisants trouver un dénommé Ruhtarl. Sans faire de halte, les quatres comparses gagnèrent le hameau désigné et y débusquèrent bien le jeune Prince, sous la couverture d'un apprenti potier. Mais les informateurs du Seigneur félon avaient eux aussi mené l'enquête, et ils poursuivirent le Prince et notre quatuor d'émissaires un long moment, avec des intentions peu amènes.

Cependant que notre groupe avait convenu avec les Nains de l'équipage volant de les attendre à un endroit précis pour les conduire ensuite à la hâte vers Arion, lorsqu'ils paraitraient avec l'héritier légitime de Gallantaria. Ils embarquèrent aussi vite que possible et le décolage fût précipité. Malheureusement, des assassins parvînrent à s'agripper au navire et à s'y infiltrer. Nos quatres braves dûrent en découdre, et ce fût avec succès quoique la frayeur fût grande.

Arrivant enfin en Arion, de l'autre côté de la Mer de Chaddrak, ils fûrent acceuillis par le Général Galverd, fidèle au feu Roi Triliag et qui se débattait à traquer les traîtres soutenant Lantielm au sein même de la Garde et de la Milice Royales. Le Prince fût couronné Roi le jour même et le quatuor fût récompensé pour ses efforts spéciaux.

A la vérité, une querelle dans le groupe avait valu au tavernier Pathios d'être figé dans un cerceuil de glace magique, chose qui lui était déjà arrivé à plusieurs reprises.
Le Commandant Yarosh se vît affublé d'une broche en or de Général, bien qu'il conserverait son grade de Commandant. Mais cette broche lui donnait l'autorisation d'assister aux Conseils Royaux sans pour autant pouvoir y intervenir. En plus de quoi il se vît sujet à des considérations exceptionnelles de la part du nouveau Roi et de sa Cour.
Mystil, ayant une attirance pour l'érudition, se vît attribuer le titre de Directeur des Bibliothèques du Royaume de Gallantaria et une bibliothèque privée lui fût cédée au Palais du Roi, en Arion.
Ebrien, qui vouait une passion pour les chevaux, fût honnoré du poste de Palefrenier en Chef des Ecuries Royales, en Arion toujours.
Quant à Pathios le tavernier, sans doute est-il mort dans sa prison de glace magique, sur le pont du navire volant des Nains.

Les Troubles de Gallantaria ( seconde partie )

Trente jours passèrent durant lesquels divers remaniements administratifs et militaires eurent lieu en Arion. L'occupation du trône de Gallantaria par le jeune Ruhtarl n'était plus remise en cause. Cependant que le Seigneur Lantielm, ce fourbe, demeurait une menace pour le souverain. Il fallait donc le traquer et l'éliminer afin de s'assurer de la tranquillité définitive du suzerain.

C'est dans ce sens que le Commandant Yarosh, Mystil et Ebrien fûrent de nouveau sollicités. Ils seraient désormais épaulés par un étrange ami de Mystil, un Humain prénommé Yamaël. Des informations provenant des Services de Renseignements Royaux leur fûrent confiés quant aux lieux fréquentés par Lantielm.

Le trio commança par le manoir d'un Conseiller très âgé, le Duc Rontarg, un vieillard aisément manipulable par le Seigneur félon. L'ancien ne leur fût pas d'une aide efficace, car ses paroles n'étaient pas celles d'un homme tout à fait cohérent et conscient des évènements graves du royaume.

Ils poursuivirent par un camp de mercenaires, repéré à l'est, qui seraient à la solde de Lantielm pour de quelconques méfaits. Ils y rencontrèrent Anutrof ( Satan ), un Nain guérisseur, employé là pour soigner ces troupes rebelles. S'assurant le soutien sincère du Nain, ils fîrent capoter les plans que les mercenaires concevaient avec le Seigneur Lantielm pour assaillir la capitale Arion. Le Commandant Yarosh y intercepta même des documents qui exposaient un complot armé contre le jeune roi Ruhtarl.

Inquiet pour la santé de leur souverain, le Commandant et ses compagnons, mis à part Anutrof, se précipitèrent jusqu'à la cité capitale en usant de la commodité d'un bâteau de commerce dirigé par l'étrange Capitaine Datès ( Pathios ) et sur lequel voyagaient déjà Irwenn, une Elfe élémentaliste ( Gaya ) et Herzoïd, un Elfe archer ( Gitous ). Là, ils assistèrent à un curieux siège: les navires de la Flotte Royale bombardaient les quais d'Arion, et de ces vaisseaux de guerre sortaient des assassins bien connus de nos braves. Se ruant vers le Palais au secour du Roi, ils retrouvèrent Anutrof, qui finalement s'était débrouillé pour venir sur place et parvînrent à participer à la protection de Ruhtarl suffisement longtemps pour que les hordes ennemies soient anéanties.

Le calme revînt au Palais et dans toute la cité capitale. Ebrien, Irwenn, Herzoïd et le Capitaine Datès s'étaient sans doute perdus dans les rues de la ville durant les escarmouches nombreuses. Dans les trois jours qui suivîrent, la tension en Arion était grande. Tout le monde soupçonnait tout le monde d'être un traître au service du Seigneur Lantielm.
Mystil recroisa le Capitaine Datès, errant sur les quais, attendant que son navire fût réparé.
Anutrof pris la décision d'apprendre à lire et écrire l'Héméen et fréquenta une école de quartier.
Le Commandant Yarosh fût prié par le Roi et le Général Galverd de poursuivre sa mission première: traquer et éliminer le Seigneur Lantielm.

Les Troubles de Gallantaria ( troisième partie )

Adonc notre valeureux Commandant pria Mystil de le suivre à nouveau dans cette épopée. Mais ils eurent une brève altercation au sujet d'armes enchantées en possession de Yarosh et qui pouvaient blesser les créatures invoquées par l'Elfe. Ce dernier en effet souhaitant plutôt que ces lames soient détruites, le militaire convînt enfin de ne pas s'en munir. A cette condition, son vieil ami le suivrait. Anutrof le guérisseur accepta pour sa part l'invitation à se joindre à eux. Quant à Yamaël, il suivait toujours Mystil.

Trois jours plus tard, ils quittèrent donc la capitale Arion par navire pour se rendre à Vigral et finir là leur enquête.

Parvenus à destination, et furetant du côté du Palais de l'ancien Gouverneur Lantielm, désormais hors-la-loi, ils fîrent la rencontre du Commandant Tevlarenn, chef de la garnison en place en la cité. Il les aiguilla pour leurs recherches vers une organisation qui leur rappela quelques détours en ville: la Guilde des Voleurs.

Trouvant trace des discrets individus, ils fûrent introduits auprès d'Asvelorn. Celui-ci les acceuillît à bras grands ouverts, ravi de revoir deux de ceux qui fîrent déjà tant pour le royaume. Il ne fallût qu'une paire de jours aux voleurs pour glaner des informations utiles à nos braves, et les affranchir sur la fuite du Seigneur Lantielm, cinq jours plus tôt, par voie maritime, grâce au concours d'un équipage de pirates alliés au félon.

Justement, le Capitaine Datès, qui avait quitté Arion à la hâte, et ayant manqué de deux jours son rendez-vous d'affaires, était retourné à Vigral pour y retrouver son indicateur et complice temporaire, un dénommé Gartuck. Il se trouvait donc lui aussi au siège de la Guilde des Voleurs de Vigral. Et Asvelorn le sollicita pour aider les quatres compères. Le Capitaine fût ainsi démasqué comme n'étant pas un représentant de la Trilode, une association marchande entre royaumes, mais comme étant un bandit des océans. Les retrouvailles fûrent houleuses.

Au terme d'un âpre palabre, ils convînrent de naviguer ensemble vers une île située plus à l'est, où Datès convoitait un trésor et où nos héros pensaient que Lantielm avait dû se réfugier. Ce hasard demeurait à vérifier.

Ils prîrent la mer. En deux jours, l'île fût gagnée. Un splendide vaisseau pirate mouillait là, occupé par une poignée de matelots. Soutenu par notre quatuor et par Gartuck et quatre de ses sbires, le Capitaine Datès en pris possession par la force. Il était désormais maître du Pèlerin Gris et de L'Assaillant nouvellement acquis à la fois. Mais il restait à se risquer sur l'île elle-même pour y déloger Lantielm, en admettant qu'il s'y trouve bel et bien.

Le Commandant Yarosh, Anutrof le guérisseur, Mystil et Isildor, son fidèle élémentaire de feu, Yamaël l'étrange, le Capitaine Datès, Gartuck et ses quatres compagnons débarquèrent donc sur la plage. Ils évoluèrent dans un bois, occîrent quelques pirates-sentinelles et avancèrent vers le but de leur périple. Mais plus loin, des créatures humanoïdes de plus de deux mètres et accoutrées comme des sauvages primitifs les attaquèrent. Ils en vînrent à bout, surtout grâce à Yamaël qui pour l'occasion dévoila ses immenses capacités gymniques. Dans l'escarmouche cependant, Gartuck et trois de ses hommes fûrent tués. Anutrof et le dernier sbire de Gartuck, pris d'une frayeur sans nom, insistèrent pour retourner jusqu'au bâteau et attendre là le reste de l'équipée téméraire.

Le Commandant Yarosh, Mystil et Isildor, son fidèle élémentaire de feu, Yamaël l'étrange et le Capitaine Datès poursuivîrent donc, seuls. Deux créatures les assaillîrent encore. Ils les défîrent. Mais le capitaine pirate héritait en fin d'affrontement de quatres plaies parallèles et sanguinolantes sur tout le côté droit du visage. Quant à Yamaël, ses blessures fûrent telles qu'ils ne le reconnûrent pas au premier abord, lorsqu'il se releva de son ultime lutte.

Fort heureusement, il accusait sans pouvoir s'en cacher l'incroyable faculté de cicatriser en quelques minutes. Sa nature humaine fût mise en doute dans l'esprit du Commandant et du Capitaine. Mystil n'en était point étonné pour sa part.

Au moment de prendre une décision pour savoir si ils continueraient l'exploration de cette île décidément trop mal peuplée... ou non, un pirate de l'équipage adverse déboula, roulant des yeux affolés et répétant des paroles sinistres. Ils le calmèrent et apprîrent de sa bouche que le Seigneur Lantielm se trouvait bien ici, en compagnie du célèbre Capitaine Frald l'Eborgné, que son équipage était lui aussi malmené par les habitants de cette île maudite, et que tous étaient peut-être déjà morts dans les entrailles de la montagne qui se dressait non loin.

Le Commandant Yarosh, consciencieux, voulût s'assurer du trépas de Lantielm, ou de sa survie, mais il se résigna aux arguments de ses comparses. Il fallait quitter ces lieux innospitaliers, se ragaillardir, et éventuellement revenir pour parfaire les recherches.

Ils reprîrent donc la mer en toute hâte. Le Capitaine Datès laissa là son nouveau navire, après l'avoir un peu essayé, et c'est avec un équipage réduit qu'ils fîrent voile vers la Cité d'Arion.

Les Troubles de Gallantaria ( quatrième partie )

Parvenus à bon port, quelques trois jours plus tard, le Commandant Yarosh gagna pour sa part ses quartiers privés dans les cantonnements militaires du palais afin de récupérer là cinq armes magiques qu'il avait subtilisé aux ennemis du roi lors de l'assaut sur la cité. Après avoir vérifié les propriétés exceptionnelles de ces lames et s'être paré de sa tenue de guerre en plates, il retourna aux quais où l'attendaient le Capitaine Datès et son menu équipage. Le maître du bord avait pris cependant le temps d'acheter en ville une cape et un cache-nez, pour parfaire sa tenue de pirate effroyable. Mais il l'avait fait, bien entendu, vêtu en marchand de la Trilode pour passer innaperçu dans les rues de la capitale. Anutrof, lui, était resté avec les matelots de l'Assaillant. Mystil, quant à lui, était juste allé déposer dans ses apartements secrets du palais son butin fraîchement acquis par négoce avec Datès, quelques cent cinquante Pièces d'Or au bas mot!

Ils reprîrent vite la route de l'île, sans même passer voir le jeune Roi Ruhtarl ou le Général Galverd qui les avaient missionné! Trois jours après, donc, ils retrouvèrent l'île innospitalière avec l'Assaillant mouillant non-loin de sa plage. Le ciel était couvert, il commençait à bruiner sur le pont. Le Capitaine Datès dût remettre quelques pendules à l'heure avec l'un des membres de son équipage demeuré là en attente. Oh! Ils avaient bien appris, entre temps, à manipuler les ballistes de l'imposant navire sombre! Mais les réserves de carreaux se trouvaient maintenant dans les eaux glaciales de cette mer pourtant tranquille. Les imbéciles! Ils s'étaient entraînés sur l'horizon de vagues au lieu de pointer la plage pour pouvoir ensuite ramener les lourdes munitions!

Sans s'attarder d'avantage, Yarosh, Mystil, Datès, Yamaël et le petit Isildor s'aventurèrent à nouveau dans les entrailles de l'île redoutée. Ils ne fîrent curieusement aucune rencontre. En arrivant dans un champ de ruines, ils découvrîrent même des vestiges vaisselliers d'une civilisation méconnue et sans doute fort ancienne. Datès compris qu'il avait sous les yeux une partie du trésor qu'il convoitait mais ne pût, sans porteur ni brouette, sans même le moindre sac sur lui, emporter plus que quelques petites cuillères marquées de cette civilisation d'antan.

Yamaël les guida ensuite sur une corniche à flanc de montagne qui menait à un large souterrain obscur. Ils percevaient, durant leur ascention, des échos lointains de tambours et de cors. Entrant dans le tunnel à la faveur d'Isildor qui poussa, par consigne de Mystil, le rayonnement de ses flammes organiques, procurant ainsi assez de lumière pour que les deux Humains puissent voir devant eux.

Ils parvîrent enfin dans une immense caverne éclairée par un gigantesque cristal suspendu à la voûte et qui diffusait la lueur déjà intense de cierges disposés là. Ils se risquèrent à s'avancer. Pour leur malheur, des pirates de l'équipage de Frald l'Eborgné se trouvaient déjà en ce lieu, se préparant à contenir un assaut. Mais pas le leur. Tout le monde fût un peu surpris de se rencontrer en cette étrange circonstance. L'espace d'un instant, ils dûrent même s'allier sans trop le marquer pour étouffer une attaque moyennement massive de créatures locales dont les grognements parcouraient sans cesse les corridors de pierre. Au terme de cette escarmouche, il ne demeurait plus que nos braves, le Capitaine Frald l'Eborgné, qui s'était montré, et de nombreux cadavres de pirates et d'autochtones.

Frald le fameux, seul de son camp, reculait. Le quatuor se moquait de sa position par des piques bien senties. Mais ils devaient compter sur Lantielm et une Elfe l'accompagnant, laquelle, par nécromancie, releva une bonne quantité de corps mutilés. Quant à Isildor, il semblait sous le contrôle de cette arcaniste puissante. Mystil, ne le supportant point, fît témérairement face à sa nouvelle adversaire de sang commun. Bravant des Morts-Vivants, aidé par ses comparses du mieux qu'ils le pûrent, il finit avec eux, au prix d'un éprouvant combat, par éliminer tous les opposants et reprendre ainsi le contrôle de son "fidèle" élémentaire de feu.

Seul Lantielm fût épargné d'abord, par Yarosh, pour profiter des informations qu'il pouvait donner de vive voix. Son mutisme cynique lui valût une main tranchée, un doigt coupé, et la tête finalement sectionnée, en plus de membres entaillés. Le Commandant avait achevé sa quête. Le tyran gîsait à présent sans vie sur le sol froid de la grotte imposante. Le Capitaine Datès ne pût se défouler sur Frald l'Eborgné, Isildor l'ayant tout simplement carbonisé. Quoique sans son intervention "à la pirate" sur l'Elfe commandeuse de morts, ils auraient sans doute eu beaucoup plus de mal à en découdre avec si peu de contusions. Lui en tout cas s'en tirait avec une épaule déboîtée, que Yamaël par la suite replaça naïvement. Mystil dépouilla sans vergogne le corps de l'Elfe arcaniste et s'appropria toutes ses possessions de valeur et relatives à une quelconque forme de magie.

Ils se demandaient quelles raisons ils pouvaient bien avoir pour demeurer plus longtemps ici, entendant encore des tambours résonnants. C'est alors que Yamaël, qui venait de chausser les bottes de qualité du défunt Lantielm, leur confia qu'il sentait une présence étrangère à ce contexte ainsi qu'une puissance arcanique phénoménale quelque part en dessous d'eux. Datès savait que le gros de son trésor restait encore à découvrir...

Les Troubles de Gallantaria ( cinquième partie )

Malheureusement pour lui, le capitaine pirate était le seul à être désireux de poursuivre l’exploration des souterrains. Le Commandant Yarosh avait rempli sa mission. Mystil était encore sur la retombée de ses émotions pour avoir failli de peu perdre son fidèle Isildor. Yamaël, lui, était disposé simplement à suivre son ami Elfe. Quant à Datès, il n’avait pas de torche, ni même de quoi faire une flamme, et le reste des tunnels était plongé dans l’obscurité.

Ils ressortirent donc, rejoignirent les deux navires du pirate désœuvré et gagnèrent la Cité d’Arion. Arrivés là, les équipages firent descendre le brave trio et s’en allèrent sans autre forme de civilité.

Le Commandant Yarosh, bien qu’il fût reçu au palais dans la pagaille de la restructuration politique, économique et sociale du royaume, fût nommé par le Roi au poste vacant de Général. Mystil reçu pour sa part toutes les considérations personnelles du jeune monarque Ruhtarl, et sa place de Directeur des Bibliothèques de Gallantaria fût du même coup consolidée.

Vingt jours passèrent.

Mystil eût la visite de Zolk, l’ancien second du Capitaine Datès, devenu capitaine du Pèlerin Gris aux voiles volées de la Trilode. Le pirate venait le solliciter, lui et Yarosh, pour une affaire urgente et d’importance. En mémoire de l’aide que cette bande de fripouilles leur avait apportée, ils acceptèrent, et Yamaël les suivit, d’aller les écouter. Retrouvant en pleine mer le Capitaine Datès en personne, ils eurent l’explication de cette entrevue.

Le chef des pirates se souvenait de la formidable efficacité de leur quatuor, comment ils avaient affronté et surmonté les périls. Il voulait à présent qu’ils aillent ensemble au fond des tunnels de l’île maudite pour récupérer le trésor.

Seulement, cette île ayant servi de refuge au félon Lantielm, elle était désormais dans le collimateur du Général Galverd. En effet, ce dernier considérait que si Lantielm s’était caché là-bas malgré les dangers, c’est qu’il devait convoiter quelque chose d’encore plus dangereux pour le Roi Ruhtarl et Gallantaria toute entière. Il avait donc entrepris d’envoyer sur place deux navires de la Flotte Royale pour trouver ce qui avait suscité l’intérêt de Lantielm le fourbe.

Le trésor du Capitaine Datès était donc déjà la cible de l’armée de Gallantaria. Et Yarosh d’esquisser un sourire cynique et narquois au seul hors-la-loi qu’il ne dénonçait toujours pas. Mais le pirate ne renonçait pas et déjà dans son esprit se formaient milles astuces et complots.

Au terme d’un houleux palabre, Datès convaincu ses hôtes de l’accompagner sur l’île de son obsession et de récupérer au nez et à la barbe des soldats de Gallantaria, grâce à la générosité du Général Yarosh son ami de toujours, le trésor saisi par l’armée de ce dernier, au moins en partie.

Parvenus en vue de l’île, le Capitaine Datès tenta de duper ses compagnons de route, lesquels soupçonnèrent bien vite la manœuvre.

Le Général Yarosh, Mystil, et Yamaël embarquèrent sur les navires de guerre de Gallantaria, mouillant au large de l’île, et Datès, dont les deux bateaux gisaient à présent par le fond, au large de la même île, se retrouvait échoué, seul, sur ce morceau de terre qui hantait son honneur de forban.

Les Troubles de Gallantaria ( sixième et dernière partie )

Au matin venu, Mystil demanda à Yamaël d'aller chercher dans l'épave de "L'Assaillant" deux coffres qu'il savait remplis d'or. Ce que fit le formidable athlète. Ensuite, il retrouvèrent le Général Yarosh et décidèrent de gagner la plage de l'île au plus vite, car les soldats de Gallantaria descendus sur place, et dirigés par le Général Galverd en personne, n'avaient toujours pas donné signe de vie. Ils se hâtèrent donc d'embarquer sur une chaloupe.

Parvenus sur le rivage, ils firent route vers les premiers contreforts boisés. Le Capitaine Datès les attendait, sournoisement dissimulé dans un arbre. Le falchion qu'il destinait au poitrail de Yarosh fût transformé en limailles de métal grâce à la prompte intervention d'Isildor que Mystil voyait pourtant faiblir de jour en jour. Datès dût se rendre. Il ne pouvait pas rivaliser avec ses anciens compagnons. Cependant, reconnaissant l'un et l'autre qu'il leur avait été d'une aide précieuse et qu'il leur avait même sauvé la vie, ni Mystil ni le Général ne souhaitèrent le punir d'avantage pour ses récents méfaits. Ils le raisonnèrent plutôt pour le convaincre de les suivre, comme convenu initialement, jusqu'aux cavernes redoutées. Le pirate se résigna. Yamaël, lui, portait un oeil moins généreux à son égard, mais respectait la décision de son ami Elfe.

Ils retournèrent donc à l'entrée des tunnels, plus loin, là où s'élevait la montagne. A peine eurent-ils avisé l'orifice qu'ils croisèrent un soldat de Gallantaria qui courrait en sens inverse, en éclaireur, prévenir les navires que le reste des troupes faisait mouvement de retraite et qu'il fallait les faire embarquer au plus vite. Téméraire, le Général Yarosh l'assura de leur aide efficace et lui demanda d'abord de les mener jusqu'aux hommes présents à l'intérieur. Le caporal s'exécuta. Il les conduit dans les entrailles de l'île. Ils passèrent par la grande grotte dans laquelle ils avaient combattu Lantielm et ses sbires et allèrent même plus loin cette fois. Ils trouvèrent plus avant dans les profondeurs les survivants de l'expédition militaire, dont le Général Galverd, qui repoussaient un assaut de créatures locales. Galverd explica rapidement à Yarosh que les pertes n'étaient pas encore très lourdes, mais qu'il était inutile de poursuivre, ou la donne changerait bientôt. Le quatuor laissa les effectifs épuisés rebrousser chemin, tandis qu'à eux quatre, ils braveraient courageusement ce qui était enfouis plus bas, au fond des tunnels.

Le Général Yarosh, le Capitaine Datès, Mystil, Isildor et Yamaël avancèrent donc, seuls. Ils parvinrent sans embûche à une nouvelle caverne immense, illuminée par un gigantesque cristal suspendu au plafond, et duquel partaient des faisceaux lumineux bleutés qui allaient former les barreaux d'une cage magique sur un socle colossal se trouvant juste au dessous. Sur le socle, dans le cercle de barreaux de lumière, ils aperçurent un Humain aussi maigre qu'un meurs-de-faim, assis là, immobile et totalement nu. Yamaël prévint aussitôt Mystil de sa nature démoniaque et de sa phénoménale puissance. Peu désireux de l'affronter, nos braves se tinrent à distance de l'être silencieux qui ouvrait cependant un oeil dès que quelqu'un approchait de trop près de sa prison magique. L'Elfe tenta un échange verbal. Le Démon répondait et se disait disponible pour servir quiconque le sortirait de là. Mais Yamaël prévint à nouveau de la nature sournoise de l'individu. Mystil s'accorda à dire qu'il vallait mieux le laisser prisonnier. Il effectua même une cérémonie pour désinvoquer la créature. Mais peine perdue. Il n'était pas assez puissant lui-même pour opérer une telle chose. Ils laissèrent donc là cette entité redoutable et firent demi tour pour quitter définitivement ces lieux innospitaliers, au grand désaroi du pirate Datès.

Ils retournèrent alors sans perdre une seconde vers la plage. Parvenus au bois qui la précédait, ils retrouvèrent les soldats de Gallantaria et le Général Galverd, qui tenait en sa main la tête de l'un des capitaines des navires de guerre. La situation s'était aggravée. L'équipage pirate de Datès, qui avait survécu au désastre de leurs bateaux, avait profité de l'absence de Mystil, ou plutôt de Yamaël et d'Isildor, pour gagner à la nage les navires de l'armée, s'y isser discrètement et s'en emparer par la force. Il avaient fait leur travail de pirates, en somme. Mais lorsque Galverd vît le Capitaine Datès accompagnant ses alliés, et qu'il comprit que cet homme n'était rien moins que le chef de cette racaille, il le fit mettre sur le champ aux arrêts. Datès fût aussitôt ligoté.

Mystil demanda à Yamaël d'aller reprendre possession des navires. Ce qui était largement dans ses possibilités. Moins d'une heure plus tard, de nombreux pirates arrivaient sur la plage, essouflés, et bleuïs de coups. Les troupes militaires pûrent reprendre le contrôle des vaisseaux de guerre et firent autant de prisonniers qu'il y avait de survivants pirates.

Le chemin du retour jusqu'à la Cité d'Arion se déroula sans encombre.

Datès le bandit fût jeté dans les géôles de la caserne du port, ainsi que ses hommes d'équipage encore vivants. Mystil s'en retourna à ses affaires de bibliothécaire. Le Général Yarosh aux siennes. Quant à Yamaël, il demeurait là pour aider son ami Elfe.

Ainsi se clôture l'épisode des Troubles de Gallantaria, humblement, sans autre fête à la gloire des héros, sans autres récompenses que la dette éternelle que devait le Royaume à nos braves compagnons pour avoir mené sur le trône un roi légitime et généreux et évité la tyrannie sur ces terres. Plus rien ne menaçait directement la paix de Gallantaria... Directement...