Yarosh l'archer et Mystil l'arcaniste, avec Isildor l'élémentaire de feu, naviguèrent longtemps vers le nord, des mois durant, faisant escale pour aider les villageois d’un hameau côtier à endiguer la menace de créatures semi aquatiques qui sévissaient non loin, survivant en pleine mer au pillage de leur bateau par un équipage des légendaires Pirates de Harkyss qui comptaient de puissants arcanistes dans leurs rangs ou s’entraînant simplement dans leurs activités favorites.
Ils parvinrent enfin à un certain port, sur un certain continent, dans la Région du Mangna. Là, ils établirent qu’il leur fallait pousser plus loin encore vers le nord. Ils trouvèrent un galion de marchandises qui les embarquerait en même temps qu’ils retrouvèrent tout à fait fortuitement la compagnie de Datès, à qui il était également survenu un songe étrange et une perte de mémoire. Ils se rappelaient seulement se connaître. Alors, ils reformèrent équipe et poursuivirent leur voyage.
Les premiers jours de navigation dans les soutes bondées de paysans en exode et de matériaux de construction furent des moins confortables. D’autant qu’une épidémie se propagea bientôt à bord. Datès s’en trouva touché de plein fouet et sombra vite dans une période d’intense fatigue qui le clouait à sa paillasse. Yarosh, lui aussi bien épuisé mais capable tout de même d’arpenter en titubant les coursives et le pont, suivi Mystil qui entrepris d’enquêter sur les comportements suspects de certains autres passagers clandestins. Deux d’entre eux, un jeune homme d’une vingtaine d’années et une femme d’environ le même âge, avaient des agissements qui laissaient en effet présumer d’un acte criminel que ce virus odieux. Ils étaient des « hommes sans ombres » (comme on nomme par là-bas l’équivalent des ninjas). Leurs armes et leurs accoutrements les trahissaient. Mais ces deux-là, justement, surveillaient déjà un troisième « homme sans ombre », d’une trentaine d’années pour sa part.
Les premières victimes se comptèrent parmi les passagers et même chez les matelots. La tension grandit avec la méfiance. Des affrontements éclatèrent sur le pont pour faire poindre justice. Le troisième « homme sans ombre » se défendait des deux premiers, qui avaient d’abord le soutient de Mystil et d’Isildor, sorti de son sac pour la bonne cause. Puis un quiproquo, servi par la paranoïa croissante et par la précarité de la situation, vint opposer l’Elfe des Bois et son élémentaire de feu à tous les « hommes sans ombre ». Après une chute accidentelle, notre baroudeur fut plongé dans un profond coma. Le véritable coupable de cette terrible épidémie fut très rapidement confondu, et occis pour seul procès. C’était un fou furieux suicidaire.
Tandis que Mystil inconscient recevait des soins des « hommes sans ombres », Datès ne semblait pas aller mieux. Bientôt, le nombre de vivants à bord chut de façon inquiétante. Il ne restait que très peu de marins pour diriger le navire vers sa destination. Quant à ceux qui respiraient encore, c’était en suffoquant. La suite du voyage s’annonçait sous de bien tristes présages.