La Tanière aux Murmures
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 Les Plumes d'Or

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Ezelkir
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MessageSujet: Les Plumes d'Or   Les Plumes d'Or Icon_minitimeLun 2 Oct - 16:48

Encore un vieux texte, que j'imagine que vous avez tous déjà lu, et que certains n'ont pas aimé (hein Poussière ? va te /nosepick va Very Happy) Je le mets ici, à côté de nos autres textes, histoire qu'il ne disparaisse pas sous les amas de poussière. Au passage, si on pouvait avoir droit aux 842 parties du background de Lyngail-Humtiensla et aux dostoïevskismes keldrillo-medfaniques, ça pourrait aussi le faire, trouvez pas ? Smile

Au passage, juste pour la frime - j'ai déjeuné à midi avec un webmaster de là où je taffe, et on a discuté de WoW. Le type joue sur Cho'Gall. Il me parlait de ses activités en jeu, et moi du clan dont j'étais jadis, avec mon cousin, le responsable ; un clan militant contre la guerre entre factions sur Kirin Tor, lui expliquais-je. Et là, le type, tout en mâchant son Supreme Cheese, me regarde, et me dit : "Attends... un clan pacifique sur KT... un truc avec des Taurens, non ?"

WoW, on y joue, on arrête, on y rejoue et on re-arrête... mais une chose est sûre : le Calme Braise ne meurt pas ! Wink



Septembre 2005

Bonjour à tous ! Smile

Les Plumes d'Or est le récit d'une aventure vécue par Khorm et Kalenthorm Rumblethunder. L'histoire prend place dans le monde de World of Warcraft et est supposée se dérouler quelques années avant que les deux Taurens ne commencent leur combat pour la paix en Azeroth.

Ainsi, dans WoW, lorsque l'on quitte son foyer pour aller occire un demi-dieu ou un dragon céleste, c'est un acte normal, qu'il faut accomplir pour trouver des objets, gagner des niveaux, etc. La plupart des personnages passent leur temps dehors, sans jamais manger ni boire, ni se reposer ; ils n'ont pas de foyer, et se battent constamment, accomplissant des exploits dignes de superhéros.

Avec cette petite histoire, je voulais rendre au monde de WoW un peu de cohérence. Khorm et Kalenthorm ne sont pas des dieux ; un voyage de deux jours, à pied, dans des plaines arides où chassent des lions affamés et où nulle rivière ne coule, est un exploit immense et une aventure à part entière. Lorsqu'ils laissent derrière eux leur village pour aller venger Stoompah, ils ne tiennent pas pour acquis qu'ils reviendront un jour ; par contre, le joueur, dans WoW, sait très bien que parcourir la plaine va lui prendre dix minutes à tout casser, et que même s'il meurt éviscéré par une goule, il n'aura qu'à aller retrouver son corps pour se réincarner, ou ressusciter au cimetière le plus proche.

Les jeux en ligne normalisent l'exploit et le merveilleux - et c'est bel et bien la pire chose que l'on puisse faire à un récit ; c'est pourquoi j'ai essayé de rabaisser les deux Taurens au rang d'êtres "normaux", pour qui le fait de quitter leur village et de partir en voyage à l'autre bout de la plaine ne peut constituer un acte banal ou commun.

Ce texte a été écrit il y a quelques temps déjà. Je n'en suis pas tellement satisfait, mais je ne le retoucherai pas, de peur de, d'aventure, déformer mon idée d'origine. Bonne lecture Smile


Les Plumes d'Or Kalimdor-map-small.warcraft

(map trouvée sur wikipedia.org)


Dernière édition par le Lun 2 Oct - 16:59, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Les Plumes d'Or   Les Plumes d'Or Icon_minitimeLun 2 Oct - 16:49

Les Plumes d'Or - 1

Le ciel est sombre, aujourd'hui. Les fiers nuages, tourmentés par une tristesse lugubre, errent autour des cimes de Mulgore comme des fantômes sans âme. Un vent chargé d’eau balaye les touffes d'herbes ; et déjà, vers l'est, les pics de la vaste Desolace s'enfoncent sous la brume noire de l'orage.

Khorm, à genoux au-dessus du vide, toise les tipis de Thunder Bluff, assombris par la crainte de la tempête à venir. Son ample chemise blanche vole dans le vent glacé ; les ornements de ses cornes brillent de lueurs froides. Les grillons se sont tus, et même les redoutables loups des plaines, dans une appréhension silencieuse, se sont terrés au fond de leur caverne.

Le vent se fait plus fort, plus présent, plus froid. Le tonnerre gronde au loin. Coeur de Vent se tient là, ainsi que Poussière, son amie ; debout derrière Khorm qui contemple la plaine en contrebas, ils hument l'air avec incertitude. Mulgore est très loin sous leurs pieds, noyée dans un brouillard bleuté.

"J'étais avec Kalenthorm ce jour-là", commence Khorm. "Nous étions partis au matin ; nous avions fait route depuis Bloodhoof, avec comme seule indication concernant notre destination, les balbutiements d'une mourante."

"Car une archère Tauren était rentrée blessée au camp. Son nom était... Stoompah. Stoompah Goldenfeather. Cela faisait des jours que nous ne l'avions vue ; elle était partie en reconnaissance du côté des Tarides - au nord, plus exactement. Vers les Serres Rocheuses. Je me souviens du jour où elle nous avait quittés ; sa crinière était toute dorée, son pelage pâle comme l'innocence, et ses cornes décorées de motifs d'argent. Au bout de ses tresses dansaient des plumes d'or."

"Elle s'était mise en route au petit matin, et tout le village était sorti pour la saluer ; son arc, orné de nacre, brillait dans la lumière de l'aube. Sous un ciel rosacé, elle avait chevauché vers l'est ; c'était avant la Croisée, avant les Elfes d'Ashenvale, avant... tout le reste."

"Cairne l'avait envoyée découvrir ce qui se tramait par-delà la barrière montagneuse au nord des Tarides. En effet, nos frères Orcs, ayant établi un campement en ce lieu, nous avaient parlé de Gobelins fraîchement arrivés en Kalimdor ; ces créatures en coupaient les arbres, en massacraient les montagnes avec des machines. Quelque chose que nous autres Taurens ne pouvions tolérer."

"Et un soir, Stoompah était rentrée. Gravement blessée par quelque chose qui lui avait pénétré le corps ; quelque chose de métallique, de grossier, comme les obus que tiraient les Nains pendant la guerre. Nous l'étendîmes en toute hâte sur une paillasse, et, pendant que nos druides l'examinaient, elle nous conta, horrifiée, ce qu'elle avait vu dans les montagnes. Sa crinière était rougie par le sang ; une de ses cornes était brisée."

Un coup de tonnerre éclate au loin ; le vent siffle avec violence.

"En vérité, ces Gobelins étaient la pire des choses qui nous soit arrivée depuis le Fléau. Nous ne savions pas vraiment pourquoi, mais ils étaient en train de tuer la forêt, massacrant les bêtes et offensant les Esprits avec leurs machines. Nos ancêtres ne tolèreraient pas cela, et nous non plus."

"Toute la nuit, les druides se battirent pour maintenir Stoompah en vie et tâcher de lui extraire les projectiles qui lui avait ravagé le corps. Son sang se répandait tel un lac écarlate, rampant sur le plancher de la hutte comme un esprit chassé de sa tanière. Elle nous conta que les petites créatures possédaient de lourds réservoirs de métal, emplis de liquide de feu, dont ils arrosaient les arbres pour les brûler ; qu'ils avaient aussi des machines ressemblant à des démons, qui hurlaient leur colère en faisant tournoyant de grandes lames dentelées. Elle nous rapporta comment les petites créatures vertes lui avaient tiré dessus sans avertissement ; comment elle les avait transpercées de ses flèches avant de fuir à dos de loup - car Stoompah était trop frêle pour chevaucher un kodo."

Le Tauren marque une pause ; ses épais sourcils obscurcissent son visage. Sa voix se fait plus froide, plus amère.

"Au petit matin, elle était retournée vers ses ancêtres", dit-il.

Les vêtements de Khorm claquent dans la tempête. Un éclair déchire le ciel, illuminant la vallée d'une lueur violente.

"Je n'oublierai jamais l'expression de Kalenthorm ce jour-là. Sa haine était si profonde qu'il ne parla plus à personne. Il resta près du lac, à regarder la lumière des vagues. Je le revois, assis dans l’herbe, le visage figé dans une colère indescriptible, jouant nerveusement avec le briquet à amadou que Stoompah avait ramené ; lorsque je l'approchais, il écoutait mes paroles, mais ne répondait que par des hochements de tête. Il ne l'a jamais vraiment admis depuis, mais je crois qu'il aimait bien Stoompah."

"Une nuit, quelques jours après, alors que le village était engoncé dans un sommeil paisible, Kalenthorm vint me voir dans mon tipi. Il ne parla pas. Il portait en bandoulière son gros sac de cuir brun ; à son côté était attaché un long cimeterre d'étain, et de son carquois, fixé sur son dos, dépassaient les extrémités de flèches décorées de plumes rouges. Dans les vacillements du feu, je pus voir ses yeux, scintillants d'une rage inextinguible."

"Sans mot dire, car nul besoin n’était de discuter, je jetai par dessus mes épaules une longue fourrure noire, et enroulai autour de mon torse les lanières de cuir qui maintenaient mon épée dans mon dos. Puis, en silence, nous sortîmes, et nous mîmes en route ; nous serions guidés par les murmures de Stoompah, l’archère aux plumes d’or, qui veillerait sur nous pendant notre voyage."
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MessageSujet: Re: Les Plumes d'Or   Les Plumes d'Or Icon_minitimeLun 2 Oct - 16:49

Les Plumes d'Or - 2

Une pluie froide tombe à présent sur les contreforts rocheux. Khorm, Poussière et Coeur de Vent se sont abrités dans la petite grotte qui s'ouvrait derrière eux ; un rideau d'eau coule de la voûte de pierre, et sépare les trois Taurens de la tempête qui fait rage. Les flammes du feu vacillent dans le sifflement du vent ; sur la pierre bleue des parois de la grotte, semblant illustrer le conte du Tauren, s'agitent mille ombres étranges.

"Nous marchâmes pendant des jours", reprit Khorm. "Les Tarides furent accueillantes, comme lorsque nous les avions traversées la première fois pour venir habiter en Mulgore. De vastes plaines dorées, où le vent est toujours chaud et bienveillant ; la chasse fut fructueuse, et les lions des savanes évitèrent notre chemin.
La clarté des étoiles, et l'éclat de la lune, toujours souriante au-dessus de nos fronts, apaisèrent mon coeur inquiet, même lors des nuits les plus froides de notre voyage. Car Kalenthorm ne dormit pas ; pendant des lunes il contempla le feu, serrant le briquet à amadou, écoutant les hululements des chouettes alentours.
La route fut longue, car il n'y avait pas encore de Croisée des Chemins à cette époque, et le Camp Taurajo était bien loin derrière, vers le sud. Nous étions livrés à nous-mêmes, sans monture, vivant de coureur des plaines grillé, et nous abreuvant de lait de kodo - car nulle rivière ne coule dans cette terre-là."

"Et, un jour, après avoir franchi la grande plaine d'or, nous vîmes les premiers flancs rocheux des Serres. Nous avions marché plein nord, et nul doute ne faisait que nous touchions au but ; Kalenthorm n'avait pas prononcé un seul mot depuis notre départ, et je crois que je redoutais moins ces Gobelins imbéciles, que le réel but de ce voyage."

"Nous parvînmes aux pieds des grands rochers. La terre était de couleur ocre, et la forêt, inondée de soleil ; nulle créature ne nous barra la route. Aujourd'hui, le voyage serait plus difficile, car la passe des Serres Rocheuses est envahie d'araignées ; mais à ce moment-là, nous pûmes avancer sans incident aucun. Kalenthorm nous mena, par un sentier caillouteux, à travers les pics tourmentés ; la végétation se faisait plus rare alors que nous progressions, et le soleil, soudain inamical, chauffait durement le roc sous nos sabots."

"C'est alors que, vers la fin de l’après-midi, nous humâmes une bien étrange odeur. Une odeur indescriptible, étouffante, obsédante. Les vapeurs en déformaient la lumière au-dessus du sol, comme un poison gazeux qui émanait de la terre. Petit à petit, lors de notre ascension, le ciel se couvrit, et le vent se leva ; lorsque nous arrivâmes au haut du mont, d’épais nuages grondaient déjà, et l'air, presque irrespirable, pesait lourd sur nos gorges. Kalenthorm posa à terre son sac, et s'immobilisa, tourné vers le vide."

"Nous étions sur un pan de roche qui jaillissait de la montagne ; au bas de la paroi, on pouvait voir la forêt, dense et verdoyante. Au coeur des arbres, là-bas, se dressait une tour de bois, si lointaine que l'on eût dit un jouet d'enfant ; il y avait une sorte de clairière déboisée, et l'on pouvait voir une myriade de petites formes vertes s'agiter, faisant grand bruit de scies et de pioches - et ce hurlement strident que nous avait décrit Stoompah. Car de grandes créatures de fer s'avançaient en titubant, et dévoraient de leurs lames les arbres poussant là."

"Il y avait aussi, couchées sur le sol au milieu du camp, d'épaisses formes noires, rondes et oblongues, larges et longues comme des troncs d’arbres abattus ; je pensai que c'étaient les réservoirs de feu dont Stoompah avait parlé. Kalenthorm, l'air maussade, contempla avec moi ce triste spectacle, dressé tel un roc, au-dessus de la tempête des arbres secoués par le vent."

"Nous restâmes ainsi un long moment, silencieux. Le regard de mon cousin était dur et froid, mais pour la première fois depuis que nous étions partis, étrangement calme et apaisé. Dans sa main gantée de cuir, le briquet à amadou projetait par intermittence de petites étincelles. Je dégainai mon épée et la plantai en terre ; lui s'agenouilla vers son sac, et en défit les lanières qui le maintenaient fermé. Il en tira les deux parties d'un arc de bois aux bords d'argent, qu’avec la dextérité de l’habitude il assembla, et l'arme émit un petit cliquetis. Enfin, il sortit de son sac un long fil d'acier, dont les extrémités volèrent dans le vent ; il attacha chacune à un bout de l'arc, et entreprit d'ajuster l'objet, tendant la corde, la détendant, fermant un oeil, regardant au loin, mimant de tirer une flèche."

"L’instant d’après, toujours sans prononcer une parole, il tirait de son carquois l’une des flèches qu’il avaient emportées. Je remarquai alors un fait curieux : à quelques centimètres de la pointe de métal, Kalenthorm avait noué une sorte de bandage en lin, taché de formes noires. Le triangle d’acier était également souillé. A l’odeur qui s’en dégageait, j’identifiai la sève du sapin, modifiée et distillée comme le font les Nains pour la rendre inflammable. Je ne me demandai même pas où il avait pu trouver la formule ; peut-être m’avait-il vu en faire, car les fusiliers de Dun Morogh m’avaient enseigné la façon de distiller la sève, longtemps avant ce jour."

"Ainsi, sa flèche était enduite de poix, et je commençais à deviner ce qu’il comptait en faire. L’appréhension grandissait en moi au fur et à mesure que le ciel s’assombrissait ; le vent sifflait et hurlait entre les rochers. Kalenthorm fit craquer le briquet à amadou, et embrasa la flèche, qui dégagea une fumée noire. La flamme orange trembla dans le froid de l’orage. Alors, le fils de Kalendhorm banda son arc et ajusta son tir, droit sur le camp.
"Tu ne toucheras jamais rien, avec ce vent", dis-je. Mais Kalen ne répondit pas et demeura immobile, rigide, les bras tendus, la corde de l’arc prête à rompre ; la flamme virait à droite, à gauche, consumant le tissu, noircissant l’acier. Le Tauren resta un moment comme cela, et je devinai qu’il cherchait à atteindre les réservoirs de feu.
Puis, brusquement, il leva son arc et libéra sa flèche, en plein ciel. Le projectile ardent siffla vers les nuages ; j’en suivis la flamme des yeux. Le petit point jaune monta pendant un temps, puis redescendit en piqué vers le camp. Et il disparut dans les feuillages."

"Un long moment s’écoula sans qu’il ne se passât rien. Kalenthorm restait debout, son arme à la main ; appuyé sur mon épée, je fixais la clairière où les Gobelins s’affairaient toujours. Derrière nous, perchée sur un rocher, son plumage balayé par le vent, une grande chouette nous contemplait de ses yeux argentés."

"Soudain, sans un mot, Kalenthorm démonta son arc, et en rangea les éléments dans son sac de cuir ; puis il se détourna, et se dirigea le petit sentier derrière nous. Les cailloux crissèrent sous ses sabots. Il ne s’était rien passé : les Gobelins étaient toujours là. Une fine pluie commençait à couler le long de mes cornes. "Tu as raté", lâchai-je, ne pouvant détourner mon regard des réservoirs en contrebas."

"L’orage éclata à ce moment-là. Un éclair illumina la forêt, faisant s’envoler des milliers d’oiseaux. Les petites créatures vertes coururent vers leurs huttes pour se mettre à l’abri ; quant à moi, déçu, j’ôtai mon épée de la terre, la glissai dans son fourreau, et m’apprêtai à m’en retourner. La chouette avait disparu."

"Kalenthorm, son sac sur l’épaule, avait déjà commencé à descendre le long du sentier ; "tu as raté", lui répétai-je."

"Non", dit-il.

"C’est alors qu’une détonation titanesque fit trembler la vallée. Je perdis l’équilibre et chutai au sol ; terrifié, je rampai jusqu’au bord de la falaise et portai mon regard au centre de la forêt. Une déflagration terrible secouait les entrailles de la terre ; la montagne chancelant, des pans de roc chutèrent et s’écrasèrent entre les arbres. Un immense nuage de feu monta du camp Gobelin, dans une clameur dépassant l’imagination ; des fragments de métal et de bois furent projetés partout dans la forêt, alors que la tour en flammes s’effondrait sur les cabanons. Une série d’explosions eut alors lieu, soufflant les dernières habitations qui volèrent en éclats ; partout, des formes en feu piaillaient et s’agitaient, avant de s’effondrer immobiles, finissant de se consumer dans une fumée noirâtre. Je vis s’envoler l’un des réservoirs, percé et dévoré de flammes ; il monta à une vingtaine de mètres du sol, et s’écrasa au beau milieu du camp, répandant son liquide brûlant sur les Gobelins affolés.
Peu à peu, une odeur de viande carbonisée monta à mes narines, alors que la fumée opaque inondait le ciel et se mêlait à l’orage."

"Kalenthorm n’était même pas resté pour voir le résultat de son oeuvre. Il était parti."

"Une lourde pluie se mit à tomber, et je jetai un dernier regard vers la clairière en flammes, où du camp Gobelin ne subsistaient plus que des cendres noircies et des corps démembrés."

"A mes pieds, dans la boue qui se formait, le briquet à amadou s’enlisait lentement. La vengeance de mon cousin était accomplie."


Khorm tire sur sa pipe. L’eau s’écoule doucement le long des parois de la caverne ; dehors, la tempête semble se calmer un peu, et petit à petit, les rayons du soleil commencent à percer entre les nuages. Un rai de lumière doré descend vers la vallée.

"Enfin, et cette histoire se terminera ici, nous nous remîmes en route vers Thunder Bluff. Kalenthorm ne parlait toujours pas, mais je sentais qu’il allait mieux et que bientôt, je retrouverais mon cousin tel qu’il était avant que Stoompah ne meure. Les nuits dans les Tarides furent calmes, comme lors de notre venue."

"La dernière nuit, Kalenthorm s’endormit enfin. Je demeurai assis dans les hautes herbes, contemplant les flammes paisibles ; à travers les feuillages de l’arbre sous lequel nous étions, les étoiles brillaient, sereines, et nulle ombre ne venait troubler la quiétude du ciel. Les grillons fredonnaient doucement et moi-même, je fumais en silence, méditant sur l’aventure que je viens de vous conter."

"C’est alors qu’un hululement se fit entendre. D’abord presque imperceptible, puis plus distinct. Les grillons se turent. Kalenthorm était toujours endormi, sa tête appuyée sur le grand sac de cuir."

"Je levai les yeux. Une grande chouette se tenait dans l’arbre ; elle m’observait de ses orbites brillantes, tournant en tous sens son visage argenté. Elle hulula encore, puis déploya ses ailes. Mais avant qu’elle ne s’envole et disparaisse, ..."

Khorm sourit.

"Je me souvins que les chouettes à plumes d’or n’existaient pas."





Fin

Amsterdam
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